Permis de renaître

Christine Kama

Créativité après l’épuisement, la maternité ou la pause

Il arrive un moment, souvent discret et incertain, où l’on réalise :
Nous avons cessé de créer.
Nous avons cessé de rêver.
Nous avons cessé de nous présenter à la partie de nous-mêmes qui vibrait autrefois si fort.

Peut-être que cela s’est fait lentement.
Peut-être que la maternité a accaparé chaque parcelle de votre temps et de votre énergie.
Peut-être que l’épuisement vous a vidée, au point que même le repos semblait pesant.
Ou peut-être que la vie est simplement arrivée — et que la pause a duré plus longtemps que prévu.

Et maintenant, vous êtes là… vous demandant :

« Puis-je vraiment recommencer ? »
« Et si j’étais trop tard ? »
« Qui suis-je maintenant ? »

Voici votre rappel :
Vous avez le droit de recommencer.

Le silence après l’étincelle

Il y a un deuil tendre qui s’installe lorsque votre créativité se fait silencieuse.

On peut avoir l’impression de perdre une part de son identité, d’oublier le son de sa propre voix. Vous fixez le journal, la caméra, la toile blanche, et ne ressentez que la distance.

Mais voici ce que j’ai appris :
Le silence n’est pas votre échec.
C’est un espace sacré. Un ventre. Un lieu de devenir.

La créativité n’est pas une machine.
C’est un souffle, inspiration et expiration.
Elle s’étend et se contracte.
Et parfois, elle a besoin de se taire… pour que vous puissiez revenir à vous-même.

Quand la maternité devient toute l’histoire

La maternité est une transformation puissante.
Elle vous transforme de l’intérieur vers l’extérieur.

Vous devenez la gardienne de tout : routines, rythmes, émotions, collations, sommeil, sécurité, joie. Et au milieu de tout ce don, votre étincelle créative peut commencer à vaciller.

Vous pouvez regretter celle que vous étiez.
Vous pouvez pleurer la liberté, la clarté, le flux ininterrompu.
Et ce deuil est légitime.

Mais si la créativité ne disparaissait pas dans la maternité, mais s’approfondissait ?

Elle devient plus sage. Plus chaotique. Plus vivante.

Elle peut prendre une forme différente.
Elle peut s’exprimer dans les marges.
Mais elle reste vôtre.

Vous n’avez pas à choisir entre être mère et être artiste.

L’épuisement n’est pas une mort créative

L’épuisement vous ment.

Il vous dit que vous n’avez plus rien à donner.
Qu’il n’y a plus d’inspiration.
Que vous avez échoué.
Que votre énergie créative a disparu pour toujours.

Mais l’épuisement n’est pas un manque d’idées, c’est un manque d’espace.
L’épuisement n’est pas un manque de valeur, c’est un manque de repos.

On ne se remet pas d’un épuisement en en faisant davantage.
On se soigne en se donnant la permission.
La permission de se reposer.
De se déconnecter.
D’arrêter de se prouver.

Et de ce repos peut émerger quelque chose de beau.
Pas immédiatement. Pas tout d’un coup.
Mais avec le temps, l’étincelle revient.

Que signifie recommencer

Recommencer n’est pas revenir en arrière.
C’est avancer avec douceur.

C’est honorer ce que vous êtes devenue pendant la pause.
C’est choisir la présence plutôt que la pression.
Le processus plutôt que la perfection.

Recommencer, c’est dire :

« Je ne suis peut-être plus celle que j’étais… mais je peux toujours créer. »
« J’ai peut-être changé… mais mon art aussi. »
« Je commence peut-être petit… mais je commence quand même. »

Vous n’êtes pas en retard.
Vous n’êtes pas brisée.
Vous n’êtes pas trop tardive.

Vous êtes simplement… de retour.

Une bénédiction douce pour vous

Si vous êtes au bord de votre propre retour, laissez-moi vous offrir ceci :

Que vous puissiez libérer la culpabilité de la pause.
Que vous puissiez accueillir la sagesse qu’elle a apportée.
Que vous vous souveniez que la créativité vit en vous, même dans le silence.
Et que vous sachiez, dans chaque cellule de votre être :

Vous avez le droit de recommencer.
Autant de fois qu’il le faudra.
Aussi lentement que nécessaire.
Avec grâce.
Avec douceur.
Avec pleine permission.

Vous ne recommencez pas à zéro. Vous recommencez plus profondément.

Bienvenue à nouveau.

Christine Kama

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